14/09/2011

Deux semaines, ma valise et Constantin

Je crois que c'est aujourd'hui que j'ai vraiment réalisé que nous partions, quand j'ai demandé à Mathias, qui a participé à la tournée 2009, s'il aurait besoin de son fameux pull (en laine de mouton Minidou bouclée qui tient bien au chaud tout en restant aérée, ce qui évite nombre de désagréments que je vous épargnerai ici) dans les prochaines semaines. Le dialogue qui suit a été passablement romancé, mais toutes les belles histoires le sont un peu.

- Moi (sortant du bassin de la piscine municipale et ôtant d'un geste désinvolte et néanmoins coquin le bonnet réglementaire) : Et au fait, ton super pull, tu en fais quelque chose dans les prochaines semaines ?

- Mathias (le regard ébloui devant la perfection de mon corps ruisselant d'eau) : Euh, oui, je pars en mission dans les Pyrénées (cherchez pas, vraiment...), mais ça dépend, si ça se trouve on ne part pas en même temps, ça pourrait le faire. Vous partez quand ?

- Ben, euh, le 28.

- Oui, dans deux semaines tout pile, quoi.

- Ah bon ?

- ...

Deux.

Semaines.

C'est alors que la vérité m'a assailli : je n'ai absolument aucune idée de comment faire ma valise pour un tel voyage. Et là, tout de suite après, la combinaison des deux révélations : j'ai deux semaines pour apprendre. Alors du coup je m'y suis penché, et bien laissez-moi vous dire que ce n'est pas aussi évident qu'il y paraît !

Comme je suis du genre organisé (ahem.), j'ai choisi la bonne vielle méthode Staniskavski de la formation du comédien, et l'ai détournée pour en faire la la Valislavski : méthode de remplissage d'une valoche. Choix judicieux me dire-vous, puisque c'est justement dans le cadre d'une tournée de théâtre d'impro que nous partons. Là où Constantin le moscovite conseillait aux comédiens de se poser des questions fondamentales sur leur personnage afin de le maîtriser à fond, Camille le lavallois les pose à sa valise. Sauf que la valise n'a pas voulu répondre.

Après une bonne heure de discussion avec moi-même, je suis arrivé aux conclusions suivantes.

  1. Le Québec en octobre, c'est une sorte de roulette russe mais à l'américaine. Été indien, pas été indien ? Début de l'hiver ? Aucun moyen d'être certain, ça peut bouger très vite et météo-québec est formel : ils n'en savent rien, prouvant ainsi qu'il n'y a pas que chez nous qu'on ne sait plus comment s'habiller. De plus les prévisions à plus de 14 jours sont payantes. En conséquence, c'est demerdum. Il convient de prévoir à la fois les jeans bien chauds et les pantalons de flanelle. Les t-shirts et les chemises. Et, comme un rêve inaccessible, peut-être un bermuda, en imaginant très fort. Avec un gros manteau d'hiver.
  2. Je n'ai pas de gros pull, à part un avec Taz en grand dessus, que m'a offert ma mère quand j'avais 14 ans et qui est passablement distendu. Et Mathias a dit non. Allo, C&A ?
  3. Les prises de courant là-bas sont différentes, on dirait un visage de bonhomme bizarre. Il faut donc un adaptateur pour pouvoir recharger le téléphone portable (indispensable en cas d'attaque d'ours), la tablette et le rasoir électrique que j'oublierai probablement dans son placard. Et ça, ça se trouve où ?
  4. Nous dormons chez les gens, sur des canapés convertibles ou non, des matelas ou tout autre objet permettant de ne pas sentir les lames du parquet enfoncer nos côtes au beau milieu de la nuit. Ont-ils tous les couettes nécessaires ? Prévoyons un duvet, histoire qu'un bon quart de la place disponible dans la valise soit prise d'un coup !
  5. Nous allons faire 2500 km en voiture, ce qui peut être passablement rébarbatif à la longue. En comptant en plus les 16 heures d'avion aller-retour et déduisant tout le temps de discutaille que nous partagerons, j'arrive à un total de 4,73 bouquins. Soit 4,73 bonnes raisons d'être malade en voiture. Je relance donc d'une boîte de cocculine.
  6. Le Québec c'est beau, surtout en cette saison. Les couleurs sont chatoyantes et les paysages sublimes. On n'est plus à ça près, ajoutons 2,4 kg de matériel photo, soyons fous !
  7. La trousse de toilette n'a absolument aucune raison d'être différente de celle que tout le monde prend pour aller voir ses grands-parents à Noirmoutier (c'est fou le nombre de gens qui ont des grands-parents à Noirmoutier).
  8. Le Québec ayant refusé d'entrer dans la Zone Euro pour de fallacieux prétextes géographiques, il convient de se munir avant le départ de quelques dollars canadiens, et donc de se faire arnaquer par un bureau de change. Mais avec le sourire, c'est pour un beau voyage.
  9. A la réflexion, deux ou trois tubes de vitamines ne seraient pas superflus.

Voilà. La valise est prête. Ce qui est complètement ridicule car nous ne partons après-tout que dans deux semaines et que du coup je n'ai plus rien à me mettre. Me voilà entraîné, en tout cas.

Me restent avec amertume quelques questions résiduelles auxquelles je n'ai pu répondre. C'est pourquoi je vous les pose ici :

  • Combien ça pèse en vrai 23 kg, et comment fait-on pour peser une valise quand on ne possède pas de pèse-personne, et encore moins de pèse-valise ?
  • Qu'ai-je oublié de mentionner dans mes conclusions ?
  • Comment faire pour être sûr de ne pas oublier son passeport au dernier moment ?
  • Existe-t-il un ouvrage de méthodologie sur le remplissage de valise ?

A vous !

Camille

3 commentaires:

  1. Tu peux venir te peser chez moi, si tu veux ! =)

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  2. Il te manque :
    - un pyjama de laine
    - tes chaussettes fétiches pour les matchs, ainsi que la panoplie complète de joueur d'impro.
    - Ton bonnet pardi ! Tu vas à Gaspé je te le rappel.
    - Une photo d'identité de chacun de tes amis que tu abandonnes en France.
    - Des maniks : qui sait, tu vas peut-être cuisiner ?

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  3. D'après la courbe du document joint : (http://www.diabete.unige.ch/documents/courbes_enfants.pdf), un enfant suisse ou français de 8 ans et d' 1m20 devrait peser 23kg. Il ne te reste plus qu'a en trouver un, et comparer.

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